1. |
La nuit
04:54
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Le village dort
Sous l'édredon gris
Le passant ne sort
Ne descend du lit
L'ombre est sous le drap
La nuit est finie
Le soleil se lève pour qui?
Le village s’éveille
Sous un ciel de pluie
Le passant se lève
Descend de son lit
L'ombre n'a de choix
Elle rampe et le suit
Le soleil se lève pour lui
La nuit
Les trottoirs sont gris
Les ombres libres valsent
Avec la pluie
Le village s'anime
Quand cesse le crachin
Le passant se rend
Au café du coin
L'ombre longe les murs
Derrière son humain
Le soleil se lève enfin
La nuit
Les trottoirs sont gris
Les ombres libres valsent
Avec la pluie
Le village se calme
Ferment les boutiques
Le passant s'en va
Contre le trafic
L'ombre file devant
Dévale en oblique
Le soleil lentement
Le quitte
La nuit
Les trottoirs sont gris
Les ombres libres valsent
Avec la pluie
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2. |
Seuls
03:55
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SEULS
Les trottoirs sont vides
Où sont les humains?
Entre quatre murs solides
Ils gagnent leur pain
Rigide labeur
Perfides écrans
Ils comptent les heures
Ils font leur temps
Les maisons sont vides
Où sont les enfants?
Entre quatre murs solides
Au soleil levant
Ils sèchent leurs pleurs
Un an c’est assez grand
Ils comptent les heures
Sans leurs parents
Seuls, ensemble dans une boîte en carton
On rêve aux oiseaux, rempli de méfiance
Seul, ensemble assis dans le salon
On vit en silence, sans grande migration
Les quartiers sont vides
Où sont les voisins
Entre quatre murs solides
Tablette à la main
L’enfance se meurt
Devant les écrans
Ils rêvent en couleur
En noir, en blanc
Les parvis sont vides
Où sont les païens?
Entre quatre murs solides
Au grand magasin
Cherchant le bonheur
En-dessous des néons
Ils dépensent la sueur
De leur front
Seuls, ensemble dans une boîte en carton
On rêve aux oiseaux, rempli de méfiance
Seul, ensemble assis dans le salon
On vit en silence, sans grande migration
Travail mécanique
Égo métallique
Amour cathodique
Famille mosaïque
Seuls, ensemble dans une boîte en carton
On rêve aux oiseaux, rempli de méfiance
Seul, ensemble assis dans le salon
On vit en silence, sans grande migration
Seuls, ensemble assis dans le salon
On vit en silence, assis comme des cons
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3. |
L'amant
04:03
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Elle s’ennuyait en l’attendant
En l’attendant elle tricotait
Un foulard gris comme le temps
Un foulard blanc comme ses nuits
Maille après maille
Rang après rang
Elle tricotait en espérant
Que dans peu de mailles
Que dans quelques rangs
Finirait l’automne
Viendrait son amant
Elle s’ennuyait en l’attendant
En l’attendant elle écrivait
Des vers sifflés comme le vent
Des vers chantant comme le pluvier
Rime après rime
Strophe après strophe
Elle philosophe en espérant
Que dans quelques pages
Qu’avant un roman
Finirait l’hiver
Viendrait son amant
Elle s’ennuyait en l’attendant
En l’attendant elle jardinait
Des fleurs de verre sur le ciment
Des fleurs des champs dans le désert
Feuille après feuille
Plant après plant
Elle cultivait en espérant
Qu’après les chardons
Qu’avant le chiendent
Finirait l’été
Viendrait son amant
Elle s’ennuyait en l’attendant
En l’attendant elle cuisinait
Un gâteau plat comme ses jours
Un gâteau lourd comme le temps
Mois après mois
An après an
Elle cuisinait en espérant
Qu’avant qu’il moisisse
Qu’avant les vers blancs
Viendrait son amour
Un matin de printemps
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4. |
Le sapin
04:07
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Le grand-père a bâti
A bâti une maison
Une maison bien briquetée
Qui passera les saisons
Le grand-père a planté
Sur le bord du chemin
Un sapin à fêter
Pour les enfants du coin
Le p’tit fils a repris
A repris la maison
Des enfants y ont grandi
À travers les saisons
Les enfants sont partis
Partis sans le sapin
Le sapin a jauni
Sur le bord du chemin
Grise ville, approche pas
Grise ville, tais-toi
L’étranger a acheté
Démoli la maison
La maison d’une vie
Qui s’écroule sans raison
L’étranger a coupé
Tronçonné le sapin
Le sapin des enfants
Qui meurt de ses mains
Une compagnie a mis
Mis trente boîtes en carton
Du carton bien verni
Vernis de grand salon
La compagnie a mis
A mis sur le terrain
Des cases de stationnement
À la place du sapin
Grise ville, approche pas
Grise ville, tais-toi
Quand le grand feu prendra
Prendra dans les rideaux
Alors ils s’effaceront
Partiront du grand lot
Une maison y poussera
Poussera comme un sapin
Un sapin de Noël
Pour les enfants du coin
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5. |
T'es où?
04:19
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Lundi
2 vies
Se promettent le ciel
1 nuit
2 vies
En font une 3e
9mois
2 vies
Attendent une perle
1 jour
3 vies
Regrettent une nuit
T’es où maman?
T’es où papa?
Fais-toi en pas
Y’a d’autres bras
12 mois
Ça fera
1 an
2 vies
50 heures absents
1 an
1 vie
Qui pleure pour le vent
5 jours
Le p’tit
Fait comme ses parents
3 vies
3 boîtes
Dans l’champ
T’es où maman?
T’es où papa?
Fais-toi en pas
Y a pire que ça
Un jour, t’oubliera ça
Samedi
1 vie
Au bal de finissant
16 ans
2 vies
Absents
T’es qui maman
T’es qui papa
Moi si un jour
J’ai des enfants
Je serai parent
Moi si un jour
J’ai des enfants
J’leur causerai pas le même tourment
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Angèle Courville Québec City, Québec
C'est alors que, confinée dans mes appartements, je composai de petites pièces pour la flore domestique seyant dans mon salon.
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